Budget limité, emploi du temps chargé par le travail ; par les enfants… Est-il aujourd’hui possible de manger durable et sain sans se prendre la tête et dépenser bien plus ?
Quels gestes pouvons-nous intégrer dans notre routine quotidienne et comment choisir nos produits pour consommer de manière responsable ?
Je vous propose dans cet article 10 actions vertueuses pour nous et la planète.
Table des matières
Comment manger responsable ?
L’objet de cet article n’est pas de critiquer indécemment les habitudes alimentaires de chacun, mais plutôt d’apporter des solutions ; de partager des gestes à adopter pour une alimentation plus responsable.
Par conséquent, il n’est pas question de juger ; nous avons tous des opinions, des valeurs et des croyances différentes.
Néanmoins, prendre un temps de réflexion, c’est déjà y apporter de l’importance. Agréable lecture !
Consommer responsable
De nos jours, il suffit d’aller dans un supermarché pour se rendre compte à quel point notre rapport à la nourriture a considérablement été bouleversé depuis un demi-siècle.
En effet, du rayon pâtes, riz et semoule à celui des jus de fruits, le choix est très varié et les produits sont déclinés de toutes les façons, attirant les consommateurs par des promotions douteuses et des packagings tape à l’œil. Il suffit de prendre pour exemple le rayon des chips ; la traditionnelle fine tranche de pomme de terre frite est déclinée en pas moins de cinquante références ; de la classique nature à la dernière nouveauté au goût de cappuccino. Le consommateur en quête de nouveauté peut ainsi se laisser tenter au gré des rayons par une multitude de produits sans avoir à craindre de devoir dépenser énormément ; avec quelques euros, son panier est vite rempli.
Problèmes sociétaux
C’est une réalité, la grande distribution, privilégiant la quantité à la qualité, nous a habitué à des prix d’achat bien loin des prix réels. De plus, même si la tendance s’inverse légèrement ces dernières années, le budget consacré à l’alimentation d’un Français a fortement diminué ; il a presque été divisé par deux depuis 1960, tandis que notre consommation de plats préparés a quant à elle amplement augmentée, au détriment des produits traditionnels ; inéluctablement, la qualité des aliments s’en voit impactée.
C’est de toute évidence la faute au système ; notre mode de vie, dont le rythme est de plus en plus effréné, incite à nous nourrir toujours plus rapidement et à bas coût ; on comprend évidemment l’émergence de la restauration rapide qui a su en tirer profit puisqu’elle facilite la prise de repas sur le pouce.
Et l'environnement dans tout ça ?
Il faut dire que ce système de consommation engendre des problèmes environnementaux dans le monde entier et participe au réchauffement climatique.
Nous constatons ainsi une diminution de la biodiversité agricole parce que les sols traités en excès par l’usage de produits chimiques sont appauvris et n’abritent presque plus de vie, de plus, l’eau et l’air sont pollués.
Pour augmenter les rendements, des parcelles entières de terres sont mises à nu ; la déforestation met en danger d’extinction des espèces animales et végétales dont les habitats naturels sont détruits.
L’élevage, le transport de marchandises, la production de fruits et légumes hors-saison, la consommation d’énergie pour les produits ultra-transformés, contribuent également à accélérer le réchauffement climatique.
Sans compter que nous perdons des savoirs culinaires transmis de génération en génération mais aussi la diversité biologique du fait de l’appropriation des graines par les grands groupes industriels.
Et l'humain dans tout ça ?
Notre espérance de vie qui était en constante évolution depuis la Seconde Guerre mondiale régresse à présent et les problèmes de santé liés à la malnutrition se multiplient ; diabète, obésité, surpoids, maladies cardio-vasculaires, entre autres.
Dans le monde, nombreuses sont les populations touchées par la pauvreté, qui ne peuvent pas se nourrir convenablement ; les produits des terres cultivables alentours étant souvent dédiés à l’exportation au détriment des habitants et des emplois locaux.
Manger responsable, c'est pour les bobos ?
Ce ne sont pas ceux qui ont le plus de moyens qui agissent le plus ; selon un rapport INSEE 2017, plus un ménage a un niveau de vie élevé, plus la part du budget qu’il consacre à l’alimentation à domicile est faible.
Oui, faire ses courses dans des magasins proposant des produits bio et locaux coûte un peu plus cher que dans les supermarchés, mais c’est le coût d’une alimentation saine et équilibrée, par ailleurs même avec peu d’argent, il est possible de se faire plaisir.
Reconsidérer la nourriture responsable
Si manger est un besoin primaire essentiel à notre métabolisme, il l’est aussi à notre bien-être.
En effet, bien manger rend heureux, nous gardons d’ailleurs tous en mémoire des souvenirs associés à la nourriture ; une odeur enivrante, un goût particulier… Cette émotion d’un instant où tous les sens sont en alerte, reste ancrée à jamais dans notre vie. Nous mangeons donc bien plus que par nécessité ; le plaisir, le partage, sont des valeurs indissociables du bien-manger.
Consommer responsable, c’est manger moins, mais mieux, pour apprécier pleinement la saveur du Vrai et se reconnecter au présent en prenant le temps de s’interroger sur l’origine des aliments ; de la fourche à la fourchette.
Manger est un acte militant !
Conseils pour manger responsable
1
Réduire sa consommation de viande
– Aujourd’hui, 80 % de l’agriculture mondiale est destinée aux animaux d’élevage ; les végétaux qui pourraient nourrir les hommes nourrissent en fait le bétail.
– Le méthane rejeté par ces animaux représente une part importante des GES.
– En un demi-siècle, pour un individu, la consommation de viande a doublée.
– Charcuteries et viandes rouges, du fait de leur richesse en acides gras saturés et du peu d’oméga-3, font accroître les risques de maladies cardio-vasculaires et d’obésité.
Conseils :
– Modérer sa consommation de viande ; en acheter moins, mais de meilleure qualité ; bannir la viande d’élevage intensif.
– Se faire conseiller auprès de son boucher ou de son producteur.
– Choisir des alternatives végétales comme les légumineuses, les huiles végétales, qui présentent l’avantage d’être moins onéreuses.
2
Consommer du poisson issu de filières de pêches durables
– Les méthodes de pêches destructives et sélectives nuisent aux fonds marins et à sa biodiversité.
– L’aquaculture intensive en plus d’avoir un fort impact sur l’environnement met en péril la santé du consommateur, pour cause ; les résidus d’antibiotiques, que les poissons doivent ingérer pour éviter les risques sanitaires liés à leur surpopulation dans les parcs.
Conseils :
– Cesser de consommer des espèces en voie de disparition ou élevées en parc intensif.
– Privilégier les espèces comme le tacaud, le maquereau, la sardine, le saint-pierre, le lieu et respecter les saisons de reproductions.
– S’informer sur les labels mais encore privilégier les pêches respectueuses afin de préserver les habitats marins et valoriser nos artisans engagés.
3
Acheter des fruits et légumes issus d'agriculture raisonnée ou bio
– Les intrants chimiques détruisent la faune et la flore conduisant à l’effondrement de la biodiversité ; par exemple, la diminution des populations d’insectes qui entraîne la disparition d’espèces d’oiseaux sur certaines zones géographiques.
– Les engrais et pesticides polluent l’eau, augmentant le risque de marées vertes, par conséquent le contribuable paye le nettoyage des plages dans ses impôts.
– L’agriculture intensive produit des végétaux en un temps record, mais l‘indice nutritionnel de ces produits est déplorable.
– Quant aux fruits et légumes traités, ils présentent des résidus de pesticides nocifs pour le système hormonal (perturbateurs endocriniens).
Conseils :
– Acheter des fruits et légumes le moins traité possible en privilégiant le bio. Attention au bio vendu en grandes surfaces, qui est souvent l’objet de stratégies marketing. Le label ne signifie pas que les produits sont bons et durables ; les tomates bio en hiver, c’est du délire.
– S’informer sur la provenance des produits et privilégier le local.
– Varier les légumes en fonction des goûts, découvrir les variétés anciennes.
4
Consommer local
– Consommer local permet de réduire le nombre d’intermédiaires, de limiter le transport et de soutenir l’économie locale, nous valorisons ainsi le travail de nos artisans.
Conseils :
– Se fournir chez des petits producteurs.
– Adhérer à une association pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP).
– Faire ses courses dans un magasin bio, un comptoir local ou au marché.
5
Limiter les emballages plastiques
– Tous les ans, des millions de tonnes de déchet plastique finissent au fond des océans faute d’être recyclés, or le poisson mange le plastique et l’homme mange le poisson… Le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne jette pas.
Conseils :
– Acheter en vrac, apporter ses sacs en tissus ou ses bocaux pour faire les courses, utiliser un panier.
– Arrêter de consommer des plats préparés pour limiter les emballages en plastique, papier et carton.
– Boire l’eau du robinet quand c’est possible, la filtrer au besoin.
6
Consommer équitable
– Acheter équitable, c’est agir collectivement en contribuant au développement économique et social des producteurs.
– D’une part, ce label permet d’assurer une juste rémunération aux travailleurs en fixant un prix minimum garanti sur les produits. Ensuite, consommer équitable, c’est lutter contre le travail des enfants et les discriminations, défendre le droit des femmes et contribuer à la préservation de l’environnement.
– L’appellation s’adresse aux producteurs des pays du Sud, mais aussi à des coopératives / associations locales de paysans.
Conseil :
– S’informer sur les nombreux labels existants : Max Havelaar, Artisans du Monde, AgriEthiqueFrance, Ensemble, Alter eco, Fair for life, Ethiquable, etc.
7
Suivre la saisonnalité
– Les cultures en serre chauffées toute l’année, favorisent l’accélération du réchauffement climatique, car ces méthodes de productions sont très énergivores.
– Le transport des fruits et légumes pollue énormément.
– Manger de saison permet de profiter de tous les bienfaits nutritionnels des produits.
Conseils :
– Acheter un calendrier de saison des fruits et légumes et attendre patiemment le retour de ses produits préférés ; le plaisir n’en sera que plus fort ; personnellement, quand je déguste en juillet mon premier carpaccio de tomate de l’année, assaisonné d’un filet d’huile d’olive et d’une pointe de fleur de sel, les larmes me montent aux yeux, c’est l’extase !
8
Limiter le gaspillage
– Dans le monde, chaque année, 1/3 de la nourriture finit à la poubelle, soit 1,3 milliards de tonnes.
C’est affolant surtout quand on sait qu’environ 20.000 personnes meurent de faim chaque jour.
En France, c’est l’équivalent de 20 kg de nourriture jetée par an et par français, dont 7 kg encore emballés !
Conseils :
– Composter est une belle solution pour valoriser ses déchets alimentaires tout en réduisant l’utilisation des sacs poubelle.
– Cuisiner quand c’est possible la totalité des produits ; faire une soupe avec les fanes de radis, réaliser un bouillon de légumes avec les épluchures…
– Acheter les produits à DLC courte permet également de lutter contre le gaspillage alimentaire tout en faisant quelques économies.
– Choisir du matériel de cuisine peu énergivore pour limiter les dépenses.
– Acheter en proportions raisonnables.
9
Cuisiner sain et reponsable
– Cuisiner, c’est agir pour une alimentation plus responsable en disant non à l’uniformisation du goût. Les produits ultra-transformés facilitent certainement le quotidien, mais ne présentent pas les qualités gustatives et nutritionnelles des produits bruts, ils sont au contraire nocifs pour la santé à cause de la présence d’additifs et de conservateurs.
C’est d’autant plus rentable de faire soi-même ; une vinaigrette maison par exemple, réalisée en 30 secondes chronos sera toujours moins chère qu’une toute prête du commerce.
Conseils :
– En manque d’inspiration ? Des milliers de blogs existent sur Internet pour trouver de superbes recettes.
– Demander des conseils et idées à ses producteurs, car ils connaissent bien leurs produits.
– Les librairies regorgent de livres de cuisine en tout genre dont les recettes s’adaptent tant aux débutants qu’aux plus expérimentés.
Et quand on n'a pas beaucoup de temps ?
Pas facile de trouver du temps pour cuisiner après une journée de travail, quand on a des enfants.
La clé, c’est la Pla-ni-fi-ca-tion !
Le soir, avant de se coucher, un rapide coup d’œil dans le réfrigérateur pour savoir ce que l’on a permet d’établir les menus du lendemain. Pour les plus ambitieux, ça peut être fait pour la semaine voire le mois entier, facilitant alors la liste de courses.
Nous perdons souvent un moment à nous demander de quoi sera composé notre prochain repas si bien que l’heure arrivée ; faute de temps, nous nous rabattons souvent sur des cochonneries.
Si certains ont adopté la technique du « batch cooking » qui consiste à préparer pendant 1 à 2 heures tous les plats de la semaine, tout le monde n’a pas ce temps à consacrer sur son jour de repos.
Néanmoins, anticiper en taillant ses légumes d’avance et en cuisant ses féculents, légumineuses pendant la préparation du petit-déjeuner, permet de réchauffer le tout à l’heure du repas en accommodant ses préparations avec une épice, une sauce minute…
Cuisiner des plats simples
En semaine, pas la peine de se prendre la tête avec trop d’ingrédients, nombreuses sont les recettes sur Internet qui permettent de cuisiner en 10 minutes avec un minimum de produits ; de délicieux plats sains sans pour autant être un as des fourneaux.
On peut aussi cuisiner en double portion pour d’autres repas dans la semaine mais aussi pour congeler, ainsi lorsqu’un jour un imprévu survient ou que la fatigue et la paresse se font ressentir, il n’y a plus qu’à sortir les plats du réfrigérateur.
Pour profiter un maximum des moments passés à cuisiner, on peut se mettre en fond sonore une musique motivante ou qui entraîne à l’évasion, écouter un podcast, chanter et danser (très recommandé), mais encore partager cet instant avec ses enfants.
Intégrer cette organisation dans sa routine quotidienne permet de ne pas se poser LA question fatidique « Chéri(e), qu’est-ce qu’on mange ce soir ? »
10
Cultiver son potager
– C’est le nec plus ultra, mais cela demande d’avoir un jardin et le temps d’enfiler ses bottes et ses gants, cependant quel bonheur de voir pousser ses légumes et croquer furtivement la première framboise de l’été. Pour aller encore plus loin dans le respect de l’environnement renseignez-vous sur la permaculture.
– Faire du troc avec ses voisins, en échangeant ses graines, ses légumes et pourquoi pas ses idées de recette ?
LES AVANTAGES D'UNE ALIMENTATION RESPONSABLE
Meilleure santé
Économique
Plus de goût
Respect de l’environnement
Retour à la source
Bien-être, fierté, transmission
Valorisation du travail des artisans/producteurs
CONCLUSION
Faire ce que l’on peut avec ce que l’on a
Nul n’est parfait, il ne faut pas se mettre à culpabiliser si quelques écarts sont faits de temps en temps.
Chacun par ses actions peut contribuer à faire changer les choses ; il n’y a pas de « petits » efforts.
Les actions d’aujourd’hui sont le remède de Demain
Nos choix alimentaires déterminent l’avenir de la planète, agir est indispensable pour la préserver, pour nous, pour les générations futures et pour l’ensemble des écosystèmes.
Seul, on va plus vite, ensemble, on va plus loin
Finalement, nous avons le pouvoir entre les mains ; le pouvoir de préserver notre environnement, le pouvoir de reprendre le contrôle de notre alimentation, le pouvoir de dire Non à l’uniformisation du goût, Ensemble,
Ensemble pour demain.
Nathan S.